Benjamin Castaldi, la ferme ! Par Philippe Vandel. | 31.03.2010,
Quand La Parisienne m’a désigné avocat commis d’office pour défendre Benjamin Castaldi, j’ai d’abord refusé. Aucune envie de passer des heures sur ce dossier, enfermé dans mon bureau, alors que «dehors, c’est que du bonheur». C’est Benji qui l’a dit à la grande époque du premier Loft. Cette phrase lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock, comme l’eau de la piscine sur Loana et Jean-Édouard…
À tort ou à raison, l’animateur de La Ferme célébrités symbolise désormais la télévision commerciale écervelée.
Y compris dans l’émission ellemême. «Benjamin Castaldi n’est pas très intelligent ! », a clamé Farid Khider, un ex-candidat. Benjamin se consolera avec la célèbre saillie de Courteline: «Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet.»
Pour sa part, le sniper Guy Carlier a publiquement pris sa défense sur Europe 1: «Il y a plus con qu’un animateur de TF1: un prof de philo à Nice. » Explication: en novembre, Castaldi s’est rendu dans un lycée niçois pour discuter des métiers de l’audiovisuel avec les élèves et il a été pris à partie par un professeur de philosophie. Résultat: les élèves ont hué l’enseignant et soutenu l’animateur. Castaldi: 1, Socrate: zéro.
L’animal sait se défendre. Contre le redouté Stéphane Guillon tout d’abord, qui avait dressé de lui un portrait au vitriol dans 20h10 pétantes. Castaldi a répliqué plus tard sur NRJ12: « Guillon est un gros con. Il attaque mon ex-femme, mes enfants et il se barre comme un lâche. Ce mec est une bouse. » Et d’ajouter : « J’ai mis près d’un an avant de le recroiser et il paraît que son slip s’en souvient.»
Quant aux Guignols qui le font passer pour un flemmard inculte, dont le système de pensée tiendrait en une seule phrase – le fameux «c’est énôôôôrme!», désormais célèbre dans les cours d’école –, son auteur leur avait répondu par avance dès 2003 dans France Soir: «On est des marionnettes, mais il suffit de le savoir.»
Revenons à l’actualité, cette «ferme» des «célébrités», qui n’est pas une ferme et qui accueille de moins en moins de célébrités, suivies par de moins en moins de téléspectateurs. D’innombrables journalistes, blogs et autres quotidiennes de radio expliquent à leur public que La Ferme célébrités n’a aucun intérêt. C’est leur droit. Mais alors pourquoi en font-ils commerce sans en rater une miette? Si La Ferme écoeure sincèrement ces fiers esprits, que ne tournent-ils ailleurs leur regard stratosphérique? N’y a-t-il pas plus important dans leur existence? Ne peuvent-ils voir plus loin, comme Benji a su le faire: «Je trouve que ce programme a une mission sociologique indéniable, il nous renseigne sur notre jeunesse.»
« L’animateur symbolise désormais la télévision commerciale écervelée… »
C’était déjà pareil avec Secret Story. Presque une mission de service public pour son animateur. À son lancement, en 2007, il caressait un espoir: qu’il n’y ait «pas de polémique sur le bien-fondé du programme. Ou alors c’est que la France a encore régressé». Rien que ça! Mais heureusement, pour la première fois à une heure de grande écoute, les jeunes ont pu entendre des candidates se traiter de «pouilleuse de merde» contre «hyperconnasse ». Associations syntaxiques inédites: la France avance…
C’est que Castaldi a de qui tenir: ses grands-parents, Simone Signoret et Yves Montand, des monstres sacrés adulés par l’intelligentsia. « Mes grands-parents étaient catastrophés quand je passais mes journées devant la télé à regarder Dorothée. Ils me disaient: mon pauvre garçon, qu’estce que tu vas devenir à avaler toutes ces conneries?»
Benjamin a retenu cette leçon de jeunesse. En 2003, il présente un ambitieux prime-time consacré à l’intelligence. QI, le grand test, sur M6. Je fais taire d’emblée les mauvaises langues: Castaldi n’est pas seul dans cette quête. Il a convoqué à ses côtés des experts en quotient intellectuel. Des prix Nobel, des chercheurs au CNRS? Vous n’y êtes pas: Cauet, Tonton David, Loana, Mia Frye, Astrid Veillon et Faudel. QI dit mieux?
Et quelle autre star télé peut avoir autant de recul? En avril 2007, Benjamin Castaldi dressait ce bilan: «Ma vie est rythmée par les consoles de jeu. Je me suis rendu compte qu’en 2001 la PlayStation 2 sortait et que je changeais de vie [il épouse Flavie Flament]. Pareil en 2007, alors que sort la PS3 [le couple se sépare]. Je n’ose imaginer ce qui m’attend pour la PS4!» Prendre la vie avec humour, voilà la clé de la sagesse.
